3 joyeux courts-circuits de rentrée

Cette huitième (et avant dernière) carte stratégique estivale ne donne pas de recettes de Rentrée, elle vous invite aux joyeux courts-circuits et à sortir de la moyenne !

Ce titre de billet s’inspire bien sûr du dernier livre d’Etienne Klein « courts-circuits ». Dans cet opus, l’auteur-scientifique-philosophe invite à renverser notre logique de tout compartimenter, « d’atomiser la vie des idées en petites spécialités étiquetées bien comme il faut pour […] plutôt provoquer des courts-circuits au petit bonheur la chance et, si possible, des étincelles. »

L’un des courts-circuits introduit par l’auteur et, qu’il me semble urgent de partager, c’est celui de la joie. Citant le philosophe Clément Rosset pour lequel « la joie est une force majeure », ni remède, ni échappatoire : prendre plaisir au réel tout entier sans en masquer aucun aspect, aussi effroyable soit-il ».

Mais comment trouver des ouvertures enthousiasmantes quand tout semble contraint et fermé ? Court-circuitons !

Définition Court-circuit : Contact entre deux conducteurs d’un circuit électrique entraînant le passage direct du courant d’un conducteur à l’autre au lieu du circuit normal, une augmentation de l’intensité du courant et une élévation dangereuse de la température des conducteurs; p. méton., rupture de courant provoquée par ce contact.

Au figuré : Voie beaucoup plus courte que la normale. La nouvelle s’est communiquée, en court-circuit, d’un bout à l’autre du village (R. MARTIN DU G., Vieille Fr.,1933, p. 1079).  Source Dictionnaire CNRTL

Nous pourrions nous interroger sur le concept de « la normale » dans un monde où les logiques doivent être renversées ou réinventées mais gardons cette interrogation pour la conclusion.

Nous, les courts-circuits cognitifs, ça fait plus de quinze ans que nous les pratiquons…joyeusement avec différents types d’activités parce qu’ils servent à percuter joyeusement nos routineuses de la pensée (= nos représentations des possibles et des impossibles).

Les joyeux courts-circuits cognitifs agissent en effet comme une baquette magique : ils ouvrent presque systématiquement les portes des fameux « inconnus/inconnus » : ce qu’on n’avait pas pensé, là où on n’aurait pas regardé et qui s’avère des espaces de possibilités encore non explorés.

A l’instar des grands Explorateurs qui partaient repousser les limites des cartes et de notre vision du monde, les « inconnus/inconnus » sont les territoires où l’exploration se mêle à l’incertitude mais c’est aussi le lieu où les horizons s’élargissent, où les visions audacieuses prennent forme et où l’enthousiasme pour l’avenir trouve sa source.

Il est temps de partager quelques exemples…

Expliquer ce qu’est un business modèle régénérateur

Pour toutes celles et ceux qui cherchent à expliquer simplement ce qu’est un business modèle régénérateur (cela fait pas mal de personnes en ce moment) sans repasser par le discours logique classique (que j’ai moi-même suivi quelque temps sans joie véritable) :

1.  je parle des limites planétaires, des rapports du GIEC
2.  j’explique les nuances de durabilité (extraction, contribution, régénération)
3.  je donne quelques exemples

Si vous vous intéressez à la régénération (qu’elle soit biologique, socio-écologique…) et que vous avez lu le dernier livre de Muriel Macé : RESPIRE,

vous saurez comment renverser votre façon d’aborder cette thématique stratégique-clé, de façon transdisciplinaire, en touchant les personnes dans ce qu’elles connaissent déjà : leur respiration.

Sans souscrire à tous les partis pris de Muriel Macé, le livre fournit une belle introduction à la systémie, aux environnements complexes, à la notion d’intrants, d’extrants, d’indisponibilité des ressources (cf. Hartmut Rosa), de flux, d’écocycles, de risques mais aussi de tempo et de trouver un souffle commun.

Pourquoi est-ce un court-circuit ? Pour l’expliquer, il faut revenir à l’un des concepts-clés de la curiosité développé par Georges Loewenstein en 1994, « la théorie de l’écart informationnel » ou pour le dire autrement « la perception d’un différentiel de connaissance ».

Cette théorie prédit qu’un individu sera d’autant plus curieux s’il ressent son ignorance
(mais pas trop) car il doit penser pouvoir remédier à son manque de connaissance.

Paradoxalement, la curiosité dépend de ce que nous connaissons déjà et elle est activée par le juste niveau de complexité et d’ambiguïté. Pour cela, il faut que le manque d’informations soit clairement perceptible par l’individu pour que celui-ci puisse s’en inquiéter. Le problème devient donc d’identifier le seuil minimal d’incertitude qui amènerait à l’exploration. Introduire le principe des modèles régénérateurs agit comme un court-circuit, « une voie plus courte que la normale » qui percute l’idée reçue que le sujet est forcément complexe, tout en vous faisant prendre conscience de ce que vous ne saviez pas.

L’humour comme court-circuit relationnel

Faire de l’humour devient un exercice périlleux. L’humour incarne néanmoins l’archétype du court-circuit : vous attendiez une histoire qui se déroule logiquement et d’un seul coup, un pas de travers, une langue qui fourche et c’est le rire.

Le rire surgit dans l’inattendu, l’ironie, ou via une perspective inédite sur une situation donnée. Quand quelque chose vous fait rire, c’est comme si votre esprit était pris au dépourvu, entraînant une rupture momentanée dans les schémas de pensée habituels. C’est une sorte de court-circuit qui perturbe temporairement le flux normal de vos idées et de votre perception.

Nous avons tous fait l’expérience de nous retrouver avec des personnes que nous ne connaissions pas et avons pu constater que le fait d’éclater de rire nous rapprochait immédiatement.

Peut-on avoir de l’humour et être engagé ? La preuve par l’exemple avec la marque bien connue « Les 2 Vaches » ?

Et bien sûr l’incontournable Voutch qui sait si bien croquer nos non-sens organisationnels.

La sérendipité et non la résilience pour court-circuiter l’incertitude

Comment court-circuiter joyeusement l’incertitude, notre « nouvelle normale » ?
La réponse attendue serait « la résilience » mais cela n’a rien de joyeux et cela n’est plus suffisant (si tant est que nous soyons d’accord sur sa définition). Retenons la définition actuelle :

la sérendipité organisationnelle nous offre un court-circuit et un éclairage plus durable.

Reprécisons brièvement ce qu’est la sérendipité : l’art de trouver ce que l’on ne cherchait pas et qui s’avère utile. Le plus fascinant dans ce concept tient au fait que tout le monde sait que la sérendipité est la face immergée de toutes les grandes idées, comment nous les découvrons, les explorons et plus largement comment nous apprenons dans tous les domaines de la vie, et pourtant peu s’y intéresse (à part dans le domaine de la Recherche). 

Concrètement, sans repasser par Christophe Colomb qui découvre l’Amérique par sérendipité ou Pasteur qui invente le vaccin contre la rage de la même façon, vous faites preuve de sérendipité au quotidien dans vos recherches internet.

Par exemple, vous cherchiez un article sur « comment améliorer la performance d’équipe » et après avoir lu 5 articles sur les 10 conditions nécessaires pour rendre votre équipe plus performante, vous en voyez un qui (via les propositions du moteur de recherche ), vous est recommandé de fil en aiguille, et parle de non-performance. Ce n’est pas votre sujet mais par curiosité vous cliquez et là, comme par magie, vous découvrez que la non-performance qui existe dans le Vivant peut vous apporter une réponse encore plus pertinente que les 5 articles précédents. La réponse trouvée par hasard sur la non-performance est utile pour vous alors que vous vous concentriez sur la performance.

Cet exemple du quotidien démontre de façon très simplifiée que la sérendipité n’est pas de la chance, il s’agit d’un processus qui mobilise des qualités très spécifiques.

Si nous décomposons le processus, voici le résumé :

1/ Vous aviez une question (intention)
2/ Il y a une surprise (un article qui ne ressemble pas aux autres)
3/ Vous agissez (vous cliquez alors que vous auriez pu vous satisfaire de vos 5 articles)
4/ Vous utilisez l’information inattendue parce que vous prenez le temps de la lire et de faire le lien avec votre question originelle
5/ Vous ressentez un sentiment plus ou moins fort de joie ou eurékâ

Comme le disait Pasteur « le hasard ne favorise que les esprits préparés », mettons en lumière les compétences mobilisées ou compétences pour temps incertains.   Cette approche encourage l’exploration de ce que nous avons de meilleur en nous, de ce qui fait notre humanité : notre attention, notre curiosité, notre ouverture à l’autre, notre capacité à improviser et notre génie créatif : en reliant des idées apparemment non liées pour identifier de nouvelles pistes ou hypothèses originales.

Développer la sérendipité organisationnelle, dépasse l’adaptation, elle invite à embrasser l’incertitude, les surprises pour les valoriser. L’incertitude, l’inconnu devient un partenaire et non plus un ennemi à craindre ou à combattre.

La sérendipité permet de se préparer à l’incertitude pour mieux anticiper et trouver la joie dans l’exploration de l’inconnu en s’appuyant sur une forme de raisonnement qui nous sera de plus en plus essentiel dans un monde émergent : l’abduction, que Charles Sanders Pierce appelait « musement » ou « lumière naturelle ». 
Processus de réflexion bien connu dans le monde scientifique ou dans les enquêtes, peu sollicité jusqu’à présent dans les organisations. Dans des contextes incertains, comme l’explique Sylvie Cattelin « se doter d’une approche qui favorise l’émergence d’hypothèses, et qui, contrairement à l’opinion courante, n’oppose pas induction et déduction mais les relie dans un processus de construction de connaissance, entre logique et esthétique, entre rationalité et imagination », s’impose avec une pertinence radicale.

Mais comment développer la sérendipité dans votre organisation ? Rappelons que la sérendipité comme la résonance ne peut être forcée : à vous de créer les conditions et de développer certaines postures :

·       Regardez comment vos clients, partenaires détournent vos produits, services (déviance positive) 

·       Remettez des machines à café 😉et des lieux de conversation, a priori, sans importance

·       Apprenez à trouver de l’information radicalement différemment : Dans son article de recherche « Pratiques juvéniles d’information : de l’incertitude à la sérendipité » Karine Aillerie, enseignante-chercheur en Sciences de l’information et de la Communication, partageait les résultats de l’étude qu’elle a menée à travers les propos recueillis lors d’une enquête réalisée en 2008 (obsolète ?). Dans cette étude, elle analysait les comportements d’environ cinquante jeunes internautes (collégiens et lycéens) lors de leurs recherches d’information sur Internet avec une question « La sérendipité peut-elle être considérée comme une compétence ? »

La chercheuse note l’écart discriminant entre ceux qui « savent chercher », faculté de s’ouvrir à l’incertitude, de se perdre en restant curieux et d’interpréter ce qui se présente de manière inattendue et… les autres.

·       Pour les postures, prenez un wondershot pour vivre les 5 postures d’A.L.I.C.E et surfer l’incertitude ! ou attendez d’en savoir plus sur nos nouveaux prochains rendez-vous en ligne, ça arrive très vite !

Conclusion

Le court-circuit ou « la voie beaucoup plus courte que la normale » fait étrangement écho à la célère phrase d’Einstein « la logique vous mènera de A à Z, l’imagination vous mènera partout ».
Pas besoin d’être Einstein pour savoir que nous devons sortir de la moyenne pour inventer les nouveaux chemins et être joyeusement à la hauteur des défis actuels ! 

Il est grand temps de respirer, rester légers malgré la pesanteur, sérendiper pour nous en donner à coeur joie et renverser ce futur incertain !

Belle rentrée à toutes et tous !

 2023 ©wonderloop

Marianne Dekeyser est depuis plus de 20 ans au service du « penser et faire autrement » conférences, workshops stratégiques et formations avec des Comités de Direction et managers.
Son constat ? Il faut aller au-delà du penser autrement et faire autrement » si nous voulons créer un monde radicalement positif et enthousiasmant pour tous.
Quand tous les imaginaires et les business modèles liés sont à réinventer, Wonderloop© est la méthode stratégique radicalement différente pour réinventer demain sans penser comme hier : de la page blanche jusqu’au business modèle régénérateur.

Tous les workshops sont coanimés avec des complices-experts ! Les WonderConférences ont pour thème « l’imagination stratégique », « Se réinventer pa rtemps incertains » ou « les 3 questions d’un business modèle régénérateur »

Pour plonger dans les wonderloops (conférences, workshops…), suivez le lapin blanc 🐇