3 joyeux courts-circuits de rentrée
3 joyeux courts-circuits de rentrée Formule magique, L'inattendu 30 août 2023 Cette huitième (et avant dernière) carte stratégique estivale ne donne pas de recettes de Rentrée, elle vous invite aux joyeux courts-circuits et à sortir de la moyenne ! Ce titre de billet s’inspire bien sûr du dernier livre d’Etienne Klein « courts-circuits ». Dans cet opus, l’auteur-scientifique-philosophe invite à renverser notre logique de tout compartimenter, « d’atomiser la vie des idées en petites spécialités étiquetées bien comme il faut pour […] plutôt provoquer des courts-circuits au petit bonheur la chance et, si possible, des étincelles. » L’un des courts-circuits introduit par l’auteur et, qu’il me semble urgent de partager, c’est celui de la joie. Citant le philosophe Clément Rosset pour lequel « la joie est une force majeure », ni remède, ni échappatoire : prendre plaisir au réel tout entier sans en masquer aucun aspect, aussi effroyable soit-il ». Mais comment trouver des ouvertures enthousiasmantes quand tout semble contraint et fermé ? Court-circuitons ! Définition Court-circuit : Contact entre deux conducteurs d’un circuit électrique entraînant le passage direct du courant d’un conducteur à l’autre au lieu du circuit normal, une augmentation de l’intensité du courant et une élévation dangereuse de la température des conducteurs; p. méton., rupture de courant provoquée par ce contact. Au figuré : Voie beaucoup plus courte que la normale. La nouvelle s’est communiquée, en court-circuit, d’un bout à l’autre du village (R. MARTIN DU G., Vieille Fr.,1933, p. 1079). Source Dictionnaire CNRTL Nous pourrions nous interroger sur le concept de « la normale » dans un monde où les logiques doivent être renversées ou réinventées mais gardons cette interrogation pour la conclusion. Nous, les courts-circuits cognitifs, ça fait plus de quinze ans que nous les pratiquons…joyeusement avec différents types d’activités parce qu’ils servent à percuter joyeusement nos routineuses de la pensée (= nos représentations des possibles et des impossibles). Les joyeux courts-circuits cognitifs agissent en effet comme une baquette magique : ils ouvrent presque systématiquement les portes des fameux « inconnus/inconnus » : ce qu’on n’avait pas pensé, là où on n’aurait pas regardé et qui s’avère des espaces de possibilités encore non explorés. A l’instar des grands Explorateurs qui partaient repousser les limites des cartes et de notre vision du monde, les « inconnus/inconnus » sont les territoires où l’exploration se mêle à l’incertitude mais c’est aussi le lieu où les horizons s’élargissent, où les visions audacieuses prennent forme et où l’enthousiasme pour l’avenir trouve sa source. Il est temps de partager quelques exemples… Expliquer ce qu’est un business modèle régénérateur Pour toutes celles et ceux qui cherchent à expliquer simplement ce qu’est un business modèle régénérateur (cela fait pas mal de personnes en ce moment) sans repasser par le discours logique classique (que j’ai moi-même suivi quelque temps sans joie véritable) : je parle des limites planétaires, des rapports du GIEC j’explique les nuances de durabilité (extraction, contribution, régénération) je donne quelques exemples Si vous vous intéressez à la régénération (qu’elle soit biologique, socio-écologique…) et que vous avez lu le dernier livre de Muriel Macé : RESPIRE, vous saurez comment renverser votre façon d’aborder cette thématique stratégique-clé, de façon transdisciplinaire, en touchant les personnes dans ce qu’elles connaissent déjà : leur respiration. Sans souscrire à tous les partis pris de Muriel Macé, le livre fournit une belle introduction à la systémie, aux environnements complexes, à la notion d’intrants, d’extrants, d’indisponibilité des ressources (cf. Hartmut Rosa), de flux, d’écocycles, de risques mais aussi de tempo et de trouver un souffle commun. Pourquoi est-ce un court-circuit ? Pour l’expliquer, il faut revenir à l’un des concepts-clés de la curiosité développé par Georges Loewenstein en 1994, « la théorie de l’écart informationnel » ou pour le dire autrement « la perception d’un différentiel de connaissance ». Cette théorie prédit qu’un individu sera d’autant plus curieux s’il ressent son ignorance(mais pas trop) car il doit penser pouvoir remédier à son manque de connaissance. Paradoxalement, la curiosité dépend de ce que nous connaissons déjà et elle est activée par le juste niveau de complexité et d’ambiguïté. Pour cela, il faut que le manque d’informations soit clairement perceptible par l’individu pour que celui-ci puisse s’en inquiéter. Le problème devient donc d’identifier le seuil minimal d’incertitude qui amènerait à l’exploration. Introduire le principe des modèles régénérateurs agit comme un court-circuit, « une voie plus courte que la normale » qui percute l’idée reçue que le sujet est forcément complexe, tout en vous faisant prendre conscience de ce que vous ne saviez pas. L’humour comme court-circuit relationnel Faire de l’humour devient un exercice périlleux. L’humour incarne néanmoins l’archétype du court-circuit : vous attendiez une histoire qui se déroule logiquement et d’un seul coup, un pas de travers, une langue qui fourche et c’est le rire. Le rire surgit dans l’inattendu, l’ironie, ou via une perspective inédite sur une situation donnée. Quand quelque chose vous fait rire, c’est comme si votre esprit était pris au dépourvu, entraînant une rupture momentanée dans les schémas de pensée habituels. C’est une sorte de court-circuit qui perturbe temporairement le flux normal de vos idées et de votre perception. Nous avons tous fait l’expérience de nous retrouver avec des personnes que nous ne connaissions pas et avons pu constater que le fait d’éclater de rire nous rapprochait immédiatement. Peut-on avoir de l’humour et être engagé ? La preuve par l’exemple avec la marque bien connue « Les 2 Vaches » ? Et bien sûr l’incontournable Voutch qui sait si bien croquer nos non-sens organisationnels. La sérendipité et non la résilience pour court-circuiter l’incertitude Comment court-circuiter joyeusement l’incertitude, notre « nouvelle normale » ? La réponse attendue serait « la résilience » mais cela n’a rien de joyeux et cela n’est plus suffisant (si tant est que nous soyons d’accord sur sa définition). Retenons la définition actuelle : la sérendipité organisationnelle nous offre un court-circuit et un éclairage plus durable. Reprécisons brièvement ce qu’est la sérendipité : l’art de trouver ce que l’on ne cherchait pas et qui s’avère utile. Le plus fascinant dans ce concept tient au fait que tout le monde sait que la sérendipité est la face immergée de toutes les grandes idées, comment nous les découvrons, les explorons et plus largement comment nous